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Laurent Danchin
Laurent Danchin et Chomo

Laurent Danchin (Besançon, 1946 - Paris, 2017) a profondément façonné le paysage artistique contemporain par son engagement passionné et inlassable en faveur de l’art brut, outsider et singulier. Critique d’art, écrivain, commissaire d’exposition, il s’est imposé comme l’un des défenseurs les plus ardents et des passeurs les plus éclairés de ces créations hors normes, contribuant à leur reconnaissance internationale. Son parcours est marqué par un intérêt passionné pour ces formes d’expression en marge, incarnées par des artistes autodidactes, visionnaires ou marginalisés, dont il a su révéler la force et l’importance, aussi bien à travers ses écrits que par ses expositions.
La bataille pour la reconnaissance artistique de Chomo et de ses créations n’est que la première d’une longue série de combats menés par Laurent Danchin. En 1985, alors que Pierre Avezard, alias « Petit Pierre », s’éloigne de son manège en raison de sa santé déclinante, cette œuvre unique, monument d’ingéniosité brute, tombe en ruine. Porté par son sens aigu de la préservation des arts marginaux, Laurent Danchin, avec d’autres défenseurs de l’art brut, parvient à sauver ce chef-d’œuvre en péril. En 1989, le manège renaît au sein de La Fabuloserie, musée dédié à l’art hors normes, témoignant de la ténacité de Laurent Danchin et de son pouvoir de rassembler autour d’une cause. Il en sera de même pour d’autres sites d’art brut et singulier, comme la Cathédrale de Jean Linard, inscrite à l’Inventaire des Monuments historiques en 2012 grâce à son engagement.
Agrégé de Lettres, ancien élève de l’École Normale Supérieure et enseignant à Nanterre, Danchin œuvre à laisser son empreinte dans l’histoire de l’art. Correspondant français de la prestigieuse revue britannique Raw Vision, il devient une figure centrale de la scène de l’art outsider. Membre du conseil consultatif de la Collection de l’Art Brut de Lausanne depuis 2004 et collaborateur étroit de la Halle Saint Pierre à Paris depuis les années 1990, il y organise des expositions majeures, notamment Art Brut & Compagnie. La face cachée de l’art contemporain (1995), Aux frontières de l’Art Brut (1998), Art spirite, médiumnique visionnaire (2000) et la célèbre rétrospective de Chomo en 2009. Son rôle auprès de la Halle Saint Pierre, véritable bastion de l’art singulier en France, a permis à de nombreux artistes marginaux de toucher un public plus large et d’accéder à une reconnaissance méritée. Son engagement au bureau de SPACES, dédiée à la préservation des environnements et des créations d’art autodidacte, ainsi qu’à l’EOA (European Outsider Art Association), confirme la portée internationale de ses actions.
En parallèle de ses actions, Laurent Danchin se fait un nom dans le milieu littéraire en signant des ouvrages de référence, dont Jean Dubuffet, Peintre-Philosophe (1988). Accompagnée d’un ensemble de documents et d’une chronologie détaillée, cette biographie — la première consacrée à l’artiste — s’attache à élucider le phénomène Dubuffet, qui reste encore, quelques années après sa disparition, une véritable énigme. Pour Dubuffet, la véritable créativité réside hors des institutions académiques, dans les œuvres de ceux qui, en marge de la société, expriment une vision authentique et non filtrée. Un credo que Laurent Danchin partage pleinement, faisant de la défense de ces créateurs singuliers sa mission de vie.
Son implication dépasse d’ailleurs la promotion des artistes : en 2003, il lance le projet S.O.S. Environnements Singuliers, initiative ambitieuse visant à préserver ces lieux uniques souvent éphémères, voués à disparaître avec leurs créateurs. Convaincu de l’urgence d’une action à l’échelle mondiale, Laurent Danchin appelle même à l’implication de l’UNESCO pour garantir la sauvegarde de ces sites inestimables du patrimoine artistique.
Laurent Danchin, homme de lettres, mais avant tout homme d’action, a consacré son existence à préserver et à faire rayonner ces univers artistiques hors normes. Il a fait longtemps partie du conseil de rédaction de la revue Artension et a retracé l’histoire de l’art brut, avec ses antécédents et ses dérivés, dans L’Art Brut. L’instinct créateur (Gallimard, 2006).
Son engagement constant, ses écrits prolifiques — en grande partie rassemblés dans son recueil Aux frontières de l’art brut, un parcours dans l’art des marges (Lelivredart, 2014) — et ses expositions ont non seulement permis de sauver des œuvres menacées, mais ont aussi ouvert une brèche dans le monde de l’art contemporain, en y insufflant une nouvelle vision critique. Laurent Danchin a œuvré à redéfinir les frontières de l’art, et a contribué à affirmer ces créations marginales comme une composante essentielle de notre culture.

 

Laurent Danchin a fait de la préservation et de la promotion du Village d’Art Préludien de Chomo une cause personnelle, s’y dévouant avec passion.
La rencontre décisive de Chomo (Roger Chomeaux) en 1975, sculpteur et ermite de la forêt de Fontainebleau, bouleverse sa trajectoire. Dès leur rencontre, Laurent Danchin s’est investi pour faire connaître Chomo au grand public. Il publie en 1978 Un pavé dans la vase intellectuelle aux éditions Simoën, un recueil de 13 entretiens qu’il avait enregistrés en 1976. Ce livre, le premier à dévoiler la pensée complexe de Chomo, permet de saisir en profondeur la démarche unique de l’artiste.
Dès la fin des années 1970, l’idée de créer une fondation ou une association dédiée à Chomo germe dans l’esprit du critique d’art. En 1986, il crée la Fondation Chomo, qui sera dissoute dans les années 1990, alors que Chomo était encore en vie.
Après la mort de l’artiste en 1999, Laurent Danchin renouvelle son engagement pour la sauvegarde de son œuvre. En 2009, il organise une rétrospective majeure à la Halle Saint Pierre à Paris. À la suite de cette exposition, l’intégralité des œuvres de Chomo est mise à l’abri dans un entrepôt à Vendôme, grâce à la médiation du commissaire-priseur Aymeric Rouillac, proche de Laurent Danchin. Durant cette période, ce dernier se consacre également à la numérisation des enregistrements de Chomo, un travail essentiel pour préserver l’héritage sonore de l’artiste.
Un tournant décisif dans son combat survient en 2015 avec la restauration du Village d’Art Préludien. Grâce au soutien de mécènes, à l’engagement d’un enseignant des Beaux-Arts de Nantes, Fabrice Azzolin, qui mobilise ses étudiants, Laurent Danchin réussit à lancer ce chantier crucial. La réouverture du village au public la même année marque une avancée majeure dans la protection de l’héritage de Chomo.
Dans la continuité de cet engagement, Laurent Danchin organise deux grandes rétrospectives consacrées à Chomo, à Tours et à Gisors, célébrant ainsi l’œuvre de cet artiste visionnaire et contribuant à l’inscrire durablement dans le paysage culturel contemporain.

 

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B 55 Chantier Chomo Pascal Brousse Dimanche 19 juillet 2015 _DSC4324
A 06  Chantier Chomo Aymeric Di 19 juillet 2015 IMG_1019
A 13 Chantier Chomo Aymeric Di 19 juillet 2015  IMG_1052
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